Monsieur le Président

Appel au President Pour faire de la lutte contre les violences faites aux femmes, la grande cause nationale de 2009.

Monsieur le Président,

Ces derniers jours, une jeune fille de Toulon, qui refusait un mariage forcé, a été séquestrée et blessée à coups de couteau par sa famille. Une autre, à Pontoise, a jeté son bébé par la fenêtre après avoir accouché seule dans les toilettes du domicile familial par peur, dit-elle, d’avouer qu’elle n’était plus vierge. Ces faits tragiques ne sont que l’illustration de la persistance en France de traditions patriarcales, imposant par la violence le contrôle des corps, des consciences, des moindres faits et gestes, au nom de la sacro-sainte virginité.

Depuis cinq ans, la laïcité chevillée au corps, animées d’une volonté farouche de nous arracher au joug de l’obscurantisme, nous nous battons pour que les femmes des quartiers populaires ne soient pas les exclues systématiques des avancées sociales : pour l’émergence d’un féminisme d’urgence.

En 1972, la Justice de notre pays permettait l’avancée des droits des femmes au tribunal de Bobigny, répondant à des siècles de combat féministe d’Olympe De Gouges, à Clémence Royer, de Flora Tristan à Louise Michel, de Simone de Beauvoir à Simone Veil.

En 2008, la Justice jugeait, avant de se rétracter par la voix de la Cour d’Appel de Douai, la virginité comme une « qualité essentielle » au mariage. Ce jugement révèle les tentations communautaristes et les résistances à l’égalité, faisant de nous, femmes des quartiers populaires, les exceptions des avancées du combat féministe.

Aujourd’hui, plus que jamais, nos revendications s’inscrivent dans la lignée de toutes ces femmes qui refusent l’injustice sociale. Nous refusons d’être soumises aux codes machistes comme seuls régulateurs légitimes des relations hommes femmes. Nous n’acceptons plus l’humiliation, comme Rosa Parks qui s’est assise pour que nous puissions nous lever.

La sphère privée, où les violences sont à leur paroxysme, ne peut être politiquement, socialement, culturellement, une zone de non droit, où l’avantage est laissé au plus fort. Nous refusons d’être les « femmes invisibles » de la République, le « point aveugle », « l’enjeu mineur », alors que nous sommes les piliers du lien social dans des quartiers où la paupérisation s’aggrave avec la crise. Celles qui, contre vents et marées, ont le courage de faire face, seules, aux intégristes de tous bords, qui détournant la laïcité avec l’appui de certains politiques, nous maintiennent dans leurs geôles patriarcales.

La France, en soutenant ce combat pour notre émancipation sociale, a porté l’espoir de millions de femmes de par le monde, pour la liberté, l’égalité et la dignité. Elle se doit de faire la démonstration qu’en son sein les droits de l’Homme sauront se mettre au service du droit des femmes pour parvenir à l’égalité dans les faits !

Monsieur le Président, est-il acceptable, dans un Etat de droit, que les femmes de toutes origines et de toutes classes sociales, aient à se battre à la fois contre les violences, et contre un système qui, en les maintenant dans la précarité et l’exclusion, entretient ces violences ?

Nous voulons croire en cette promesse que vous nous faisiez : « La France n’abandonnera pas les femmes qui n’ont pas la liberté », « La France sera du côté des opprimés».

Monsieur le Président, faire de la lutte contre les violences faites aux femmes la cause nationale 2009, c’est garantir à toutes ces femmes que des moyens seront mis en place pour les sortir de l’emprise des violences, de l’exclusion, en leur garantissant le soutien, la protection et l’émancipation par le droit.

Bouchera Azzouz

Vous pouvez vous joindre à cette lettre si vous souhaitez que la lutte contre les violences faites aux femmes soient reconnue grande cause nationale.

http://www.niputesnisoumises.com/petition_appel_president.php
 

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