Parité : ces législateurs qui ne respectent pas la loi

La loi du 6 juin 2001 aura coûté près de 20 millions d’euros à l’UMP
À l’Assemblée nationale, les femmes représentent seulement 18,9% des députés. Une situation anormale dans la France du XXIe siècle s’insurge Fadila Mehal, candidate de la 9ème circonscription de Paris et présidente-fondatrice des “Marianne de la diversité”.
Quand on l’interrogeait sur le rôle des femmes dans la société française, Napoléon répondait : “Les femmes au lavoir et les hommes au perchoir”. Ce temps jadis des lavandières qui fleure bon le sexisme n’est pas révolu, et si la parité avance, on peut dire qu’elle le fait à reculons.
La France est au 48e rang mondial en matière d’égalité salariale et de représentation politique coincée entre la Jamaïque et le Kazakhstan, loin derrière les pays nordiques, l’Allemagne, l’Espagne, ou la Belgique.
Pire, sur le seul critère de la parité politique, la France dégringole à la 69e place, et pour cause, plus de 80% de ses députés sont… des hommes ! Et cela n’est pas près de changer lors des prochaines législatives.
Payer des amendes plutôt qu’établir la parité
12 ans après le vote de la loi du 6 juin 2000, dite “loi sur la parité”, force est de constater que le système politique continue d’appartenir aux hommes, dans les instances centrales, là où se concentre le pouvoir.
Pourquoi ? A cause d’une gestion à géométrie variable du principe de parité.
Un constat incontournable s’impose, là où la loi est permissive la parité recule : on le voit de manière flagrante avec l’UMP, qui a largement mérité le “bonnet d’âne de la parité” avec seulement 25,7% de femmes investies pour les prochaines législatives, pour la plupart dans des circonscriptions peu gagnables.
Ce parti, par la bouche de son président vient de battre sa coulpe en déclarant que pour gagner les législatives, il avait choisi à dessein majoritairement des hommes, en sacrifiant sur l’autel de l’efficacité la Sainte parité. Raison invoquée ? La prime aux sortants. Sans doute pensait-il à Henri Guaino, Claude Géant, François Fillon et consorts, sortis tout droit des lambris de la République et fraîchement promus au titre de leur long enracinement local. Jamais une décision politique n’aura été énoncée avec autant de cynisme sans susciter le tollé qu’aurait engendré à juste titre, l’éviction des 70% d’hommes. Deux poids, deux mesures !

L’UMP, ou parti pour “Un Massacre de la Parité” paiera pour ces législatives 4 millions d’euros de pénalités ! Au total, la loi du 6 juin 2001 aura coûté près de 20 millions d’euros à l’UMP, c’est certes cher payé, mais pas assez pour inciter au respect de la loi (en comparaison le PS et le MoDem s’en tirent avec 2,5 et 2 millions d’euros de pénalité, ce qui est toujours trop).
Les élus tiennent d’ailleurs le même raisonnement avec la loi SRU, qui impose 20% de logements sociaux, mais que nos élus, prompts à dénoncer la transgression des lois par les petits délinquants de banlieues, détournent allégrement en tout impunité en payant des amendes.
La parité, un enjeu de civilisation
Face à cette situation, nous ne pouvons rester silencieuses. Il s’agit là, d’un enjeu de civilisation !
Car nous avons nous aussi nos talibans, ceux-là mêmes qui préfèrent faire de la parité politique une variable d’ajustement, bonne à être exhibée en période de vaches grasses et vite camouflée (honteusement) en période de disette. En définitive, la parité est pour ces dirigeants, un luxe, un produit cosmétique pour se donner bonne conscience, mais qui ne remet jamais en cause le pouvoir des hommes qui sont seuls capables, à leurs yeux, de terrasser l’adversaire quand la peur de perdre pointe à l’horizon.
Il est temps que leur regard change, même si comme le rappelait Einstein, “il est plus facile de briser un atome, qu’un préjugé”. A quand la fin des discriminations à l’égard de la moitié du corps électoral ?
Il est temps de dire stop ! Refusons de participer plus longtemps à ce simulacre de démocratie. Refusons ces rôles de potiches, de prêtes-noms, de bonne conscience de dirigeants qui n’ont pas encore intégré l’enjeu démocratique de l’égalité réelle.

Une indispensable modernisation de la vie politique française

Parce que nous sommes face à une loi devenue inopérante, nous appelons à son évolution pour sortir les femmes de l’invisibilité politique.
Nous exigeons aujourd’hui que la loi du 6 juin 2000, soit respectée dans son esprit et dans sa lettre. On ne peut pas avoir une loi à deux vitesses : contraignante pour les scrutins listes, avec des résultats encourageants (assemblées municipales, régionales, européennes), et permissive, incitative tout au plus, aux élections uni nominales pour l’Assemblée Nationale, le Sénat, où les conseils généraux.
La loi doit être appliquée, sans dérogation, ni petits arrangements entre amis.
Cette modernisation de la vie politique française est nécessaire, elle doit passer maintenant par le non cumul des mandats dans le nombre et dans le temps. A Paris, pour ces élections législatives, certains candidats présentés ont un triste palmarès : prés de 120 années de cumul mandats. Jusqu’à quand cette exception française ? Il est temps d’en finir avec cette élite professionnalisée, qui pantoufle une carrière durant, à saute-mouton entre le privé, la haute administration et le monde politique.
Il est temps de faire un vrai pas pour moraliser la vie politique, ce dernier bastion doit tomber pour permettre d’écarter tous ceux qui veulent que rien ne change.
Si les femmes ont arraché en 1944 le droit de vote après d’âpres luttes d’émancipation, on peut dire qu’en 2012 elles sont encore loin du compte et qu’elles n’ont pas encore tout à fait gagné l’égal accès aux mandats électoraux !
Pour cela nous demandons une femme au perchoir à l’issue du scrutin du 17 juin.

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