Ces gens là
La Cité de l’histoire de l’immigration s’est ouverte à Paris dans un climat d’indifférence. Pourtant, le projet est d’une beauté immense ! Dans cette belle bâtisse des années 30 qui a abrité jadis l’Exposition coloniale, on aurait pu célébrer, comme sait le faire la République, cet élément nouveau de notre mémoire collective, pour enfin reconnaître dans l’histoire de notre République, l’immigré, “ces gens-là” !
Je suis de “ces gens-là” et peut-être alors, selon certains, moins légitime pour n’être pas née sur le sol de ma patrie, puisque moi aussi je suis venue sous le coup d’un regroupement familial. Je suis cette fille d’immigrés qui un jour a vu le cours de son histoire changer, l’histoire simple de ma mère venue rejoindre son mari pour reformer une famille ou plutôt un regroupement familial ! C’est comme ça qu’on dit quand on veut oublier que “ces gens-là”, ce sont des gens tout simplement.
Ma France à moi est riche de mille visages de mille vies toutes sacrifiées à cet idéal de liberté, d’égalité, de fraternité. Au travers de la Cité de l’immigration, nous reconnaissons enfin cet apport formidable qu’a été et que continuera d’être l’immigration : des tirailleurs sénégalais aux ouvriers portugais, en passant par les soutiers polonais ! Est-ce que ce musée va définitivement stopper l’instrumentalisation qu’on a fait de l’immigration ?
De la gauche à la droite, les débats sur l’immigration ont inspiré un silence complice et assourdissant chez les uns et d’étranges idées chez les autres, faites ici et là de tests ADN et de quotas. Esquivant le débat de fond sur l’intégration des Français issus de l’immigration, sur la place des femmes ! Fermant les yeux sur ces enfants scolarisés en France, arrachés à leurs écoles sous prétexte que leurs parents sont sans papiers !
Cette politique est indigne d’une France qui voudrait que sa jeunesse se rappelle le sacrifice de Guy Môquet pour libérer notre pays. Et il faudrait admettre définitivement que “ces gens-là” c’est aussi la France.
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