Etre une femme politique arabe en France

Bouchera AzzouzPar Mathilde Penchinat sur le site mondomix.com

Convaincues et enthousiastes, Bouchera Azzouz, Alima Boumediene-Thiery et Bariza Khiari étaient réunies jeudi dernier à l’Institut du monde arabe, pour discuter du thème “être une femme politique arabe en France”. Pour Bouchera Azzouz, du collectif “République allant droit”, la difficulté est d’abord d’assurer son rôle de femme politique.« On n’est pas obligé de s’appeler Samira pour connaître la difficulté d’être une mère de famille qui travaille. Mes copines Catherine et Véronique rencontrent le même genre de problème ».

En tant que femme, « il faut faire face aux hémicycles encore majoritairement masculins » témoigne Bariza Khiari, avant de préciser « je ne veux pas faire de sexisme, c’est juste un constat du modèle actuel ». Cette sénatrice de Paris dans le groupe socialiste touche le point sensible du débat en déclarant :« Je suis souvent invitée à des débats pour parler de la femme arabe. J’aimerais bien sortir de ce carcan et parler d’autres sujets ». Les questions sociales la préoccuppent avant tout. Elle va jusqu’à refuser le poste de secrétaire nationale des femmes au sein de sa section, pour ne pas se retrouver « enfermée dans des débats sur le voile ».

Bouchera Azzouz, militante féministe, ne veut pas être utilisée comme « alibi » au service de « la cause islamiste ou des immigrés ». Son combat politique est de lutter contre toutes sortes de discrimination. Acquise par les urnes ou justifiée par un fort militantisme, leur légitimité politique est encore parfois mal acceptée.

« Quand on fait de la politiqe en tant que femme arabe, on nous oblige à rentrer dans un moule » dénonce Alima Boumediene-Thiery, sénatrice Europe Ecologie-Les-Verts. Pour ces trois femmes, riches de leurs origines arabes, pas question de revendiquer leur particularisme. Ce qu’elles défendent: des valeurs sociales et une justice internationale. Elles sont toutes pourtant confrontées à la discrimination raciale. Bariza Khiari, socialiste du 16 ème arrondissement, se souvient amusée d’avoir été accusée de faire partie de la « gauche tajine ». « J’assume mon côté bourgeois, mais j’aurais simplement préféré être insultée de gauche caviar comme tout le monde ».

Ces trois politiques n’ont quasiment aucune visibilité médiatique et ne sont presque jamais invitées sur les plateaux télévisés. « Si l’on ne se fait pas frapper par son frère, on ne répond pas aux clichés attendus donc on n’intéresse pas les médias » ironise la socialiste.

Le monde arabe est en train de mener une révolution et de faire tomber les clichés. Cette révolution permettra-t-elle de changer l’image de la femme arabe en Occident ? Vaste débat en tout cas, où s’entremêlent différents thèmes. Celui de la femme d’abord, mais aussi celui de son rôle de politique, de ses origines arabes, ou encore de sa religion… Les deux heures de débat auront au moins permis de rendre hommage à ces trois femmes qui ont fini par vaincre les obstacles pour s’imposer comme des actrices politiques françaises.

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